Alors là on s’attaque à du très très lourd ! Avant de vous parler de son palmarès de fou, je vais vous présenter Jon Lugbill.
Le père des bateaux de slalom actuel…
Pour commencer, il est le père de tous les bateaux de slalom actuels. En effet, dans les années 70, les bateaux de slalom ressemblaient tous à des canoës indiens. Ce qui avait pour inconvénient de devoir passer les portes dans l’axe pour ne pas toucher, car les pointes avant et arrière étaient très hautes.
Avec ses copains américains, parmi lesquels David Hearn, ils ont donc inventé une forme de bateau avec des pointes très fines pour se faufiler sous les portes. Ça a complètement révolutionné la navigation !
Naissance de l’ancrage
Le bateau était si différent qu’ils ont développé des nouvelles techniques. Ils se sont par exemple rendu compte qu’en se penchant à l’extérieur du virage et non plus à l’intérieur comme c’était le cas avant, la pointe arrière très fine du bateau partait sous l’eau et le bateau tournait sur lui-même. L’ancrage était né !!
Une nouvelle discipline est donc née en même temps aux Etats-Unis : le squirt boat !
Ainsi, lors des mondiaux de 1979 à Jonquière au Québec (les premiers sur le continent américain), les américains ont remporté les 3 premières places en canoë monoplace ainsi que le titre en Patrouille. Avec Jon Lugbill premier, David Hearn (dont la sœur, Cathy, est également championne du monde la même année) second, et Bob Robinson troisième. La révolution des céistes américain était lancée et leur règne allait durer plus de 10 ans !!
L’un des fondateurs du circuit coupe du monde
Il a également été l’un des fondateurs du circuit coupe du monde avec son entraineur Bill Hendicott, l’anglais Richard Fox et l’entraineur des françaises Eric Koechlin en 1988 !! Ce sont des noms qu’on reverra.
La razzia américaine sur les mondiaux de 79 à 91
Au niveau de son palmarès on peut donc noter, en rappelant que les mondiaux avaient lieu tous les deux ans :
-1979 : Champion du Monde (triplé américain) ainsi qu’en patrouille à Jonquiere (Canada)
-1981 : Champion du Monde (doublé américain avec David Hearn) ainsi qu’en patrouille avec notamment son frère Ron Lugbill à Bala (Angleterre)
-1983 : Champion du Monde (doublé américain avec David Hearn) ainsi qu’en patrouille à Merano (Italie)
-1985 : Vice Champion du monde derrière son équipier David Hearn (doublé américain) et champion du monde en Patrouille à Augsburg (Allemagne)
-1987 : Champion du monde (triplé américain avec encore David Hearn second) ainsi qu’en patrouille à Bourg Saint Maurice (France)
-1989 : Champion du Monde (doublé américain avec David Hearn) ainsi qu’en patrouille à Savage River (USA) Les premiers mondiaux aux états unis !
-1991 : Champion du monde par équipe à Tacen (Slovénie)
Domination des premières années du circuit coupe du monde
A tout cela on peut également ajouter une domination du circuit coupe du monde dès sa création.
-1988 : victoire du général de la coupe du monde avec des victoires sur les manches de Mezzana (Italie) et Agsburg (Allemagne)
-1989 : Victoire du général de la coupe du Monde avec des victoires sur les manches de Wausau (USA), Savage River (USA) et Augsburg (Allemagne) ainsi qu’une seconde place à Tacen (Slovénie)
-1990 : Victoire du général de la coupe du monde avec une victoire à Wausau (USA) et des secondes places à Mezzana (Italie), Réals (France) et Minden (Canada)
Pour le retour du slalom aux Jeux Olympiques de Barcelone en 1992 après 20 ans d’absence, John Lugbill s’est classé 4ème.
Il laisse sa trace à St-Pierre -de-Boeuf
Vous connaissez sans doute le bassin de Saint Pierre de Bœuf, sorti de terre en 1981, et son fameux rouleau américain. Son nom vient d’un jeune slalomeur américain, aujourd’hui très connu dans le monde du freestyle et de la rivière : Erick Jackson. Il était avec le groupe de Lugbill en stage en France en 1983 lors d’une course élite (aujourd’hui N1) et il s’est amusé dans ce rouleau scotchant tous les observateurs : déjuper, jongler avec des pierres, rejuper, se laver les dents, se raser… Tout cela en étant en travers dans ce rouleau.
Un pionnier du kayak d’eau-vive
Voilà le portrait d’un des pionniers du kayak d’eau vive. Un homme qui revendiquait l’amateurisme dans le slalom. Il se battait contre le professionnalisme et le sponsoring. Sa vision du haut niveau était de travailler 9 heures par jours et de s’entraîner à coté. Il s’est tellement battu pour ça que toute l’équipe américaine à Washington s’entraînait avec lui de 6h à 7h30 avant d’aller travailler et revenait pour la deuxième séance à 18h.
Merci Jon Lugbill !
Auteur: Mathieu Monier
Titulaire d’un DEJEPS, ex-athlète de N1 slalom, né dans un kayak (son père Thomas est médaillé aux mondiaux 2002 à BSM), et passionné de slalom, vous propose chaque jour un focus sur un athlète ou un équipage qui a laissé sa trace dans l’histoire du slalom. A destination d’abord des jeunes du club où il est entraîneur (CKLOM – Lyon), avec ses mots et ses impressions, il raconte en quelques paragraphes ces carrières qui l’ont marqué.