L’élite nationale du piquet et les meilleurs représentants suisses, belges et néerlandais ainsi que près de 250 autres compétiteurs ce sont retrouvés à Épinal sur le nouveau stade d’eaux vives du Port d’Épinal ce week-end pour la première manche de la Coupe de France N1 slalom synonyme de reprise de la saison Elite. Et tout ce beau monde avait fort à faire, pour les courses en elles même mais aussi, pour certains, pour arracher leur ticket d’entrée aux Sélections Équipe de France 2023 qui auront lieu fin avril à Vaires sur Marne.
Des attentes étatiques (et donc fédérales) élevées
Après le zéro pointé de Tokyo 2020, la fédération française et le ministère en charge du sport attendent beaucoup de la part des Bleus en canoë-kayak que ce soit en course en ligne ou ici en slalom mais aussi en Kayak Cross, la nouvelle discipline olympique de notre sport qui débarque à Paris 2024. Du point de vue de l’athlète, une compétition d’envergure à la maison c’est toujours particulier, mais alors des Jeux Olympiques…
L’objectif de la fédération française en ce qui concerne l’eau vive est donc de constituer une Équipe de France (EQF) capable d’atteindre les objectifs SLALOM et KAYAK CROSS, lors de la saison sportive internationale 2023, à savoir :
- Gagner l’or
- Maximiser le nombre de bateaux français en finale
- Obtenir les quotas olympiques pour les 4 épreuves de slalom (K1H, K1D, C1H, C1D)
Enjeux Dangereux
La sélection se fera sur le « Temps d’Identification Nationale » A.K.A les piges à Vaires fin avril
Avec quelques petites complications tout de même, sinon c’est trop simple. Prenons un petit exemple. Les athlètes Champion.ne.s du Monde 2022 dans les épreuves individuelles sont qualifié.e.s directement pour le Championnat du Monde 2023, ainsi que pour l’ensemble des compétitions de préparation (étapes de Coupe du Monde et Jeux européens), dans les épreuves où ils sont Champions du Monde 2022. Sauf que, aucun athlète français n’est ici concerné.
En revanche, Les athlètes ayant réalisé un podium (classé.e.s 2ème et/ou 3ème) sur le Championnat du Monde 2022 se voient octroyer l’équivalant d’une victoire sur le temps d’identification national lors des courses de sélections nationale, dans l’épreuve dans laquelle ils ont réalisé cette performance lors du Championnat du Monde 2022. Ainsi, le médaillé d’argent en Kayak Cross Homme (Anatole Delassus) et le médaillé de bronze en Kayak Homme Slalom (Boris Neveu) lors du Championnat du Monde Senior 2022 sont d’ores et déjà propriétaires d’une victoire sur le temps d’identification national dans leur épreuve respective avant les courses de sélections nationales de 2023, si on a bien compris le règlement.
En gros, à part Boris Neveu et Anatole Delassus qui ont déjà une pale dans la sélection respective de leur catégorie, chacun se devra de scorer fort aux Sélections Équipe de France en slalom et en kayak cross.
D’autre part, les athlètes non membre du collectif France devront être dans les 8 premiers de leur catégorie dont à minima 3 -21 ans et 3 -23 ans, ce qui ne laisse que 2 sièges pour les seniors non membre du collectif sur la course d’Epinal puis de Pau (soit 4 places senior sur 2 courses). C’était donc déjà chaud pour se qualifier ce week-end à Epinal, pour éviter d’avoir à le faire à Pau sur la prochaine N1 qui compte dans la bataille navale.
Biazizzo et Madoré (r)assurés pour les piges
Mathieu Biazizzo n’a laissé aucune chance à ses adversaires sur la première journée. Le Spinalien a bien tenu la pression à domicile, en même temps il n’avait pas trop le choix s’il voulait s’assurer d’être dans le box de départ aux piges. Il s’est en effet imposé devant Martin Dougoud (CK Villers-le-Lac) le suisse qui ne compte donc pas dans le classement et Lukas Estanguet-Santamaria (Pau) qui lui obtient son quota jeune U21. Mathurin Madoré prend la 4ème place de cette course (mais la seconde parmi les 2 meilleurs bateaux français sénior), il est donc lui aussi assuré de concourir les corses de sélections équipe de France 2023. Même si c’est encore loin, Biazizzo et Madoré préservent donc leurs chances de disputer les JO de Paris 2024 qui débutent maintenant dans 500 jours à peine.
« je suis très heureux d’attaquer la saison avec une victoire. J’étais sous pression avec l’obligation de faire top2 senior sur la course du samedi pour sécuriser ma place pour les sélections à Vaires. C’est donc un soulagement et ça me fait énormément plaisir de renouer avec la victoire avec de la bonne navigation je pense, petit bonus parce que c’est à la maison »
Mathieu Biazizzo
Lucie Prioux, Laurène Roisin, Lucas Roisin et Adrien Fischer ont également réussi leur opération en canoë, ils seront donc aux Sélections équipe de France eux aussi.
Les podiums des courses de samedi et dimanche à Epinal
1ère course – Samedi
C1D
- Angèle Hug
- Lucie Prioux
- Doriane Delassus
K1D
- Emma Vuitton
- Marjorie Delassus
- Romane Prigent
C1H
- Jules Bernardet
- Nicolas Gestin
- Mewen Debliquy
K1H
- Mathieu Biazizzo
- Martin Dougoud
- Lukas Estanguet
Course 2 – dimanche
La course du dimanche était un petit peu moins compliquée à analyser étant donné qu’elle ne comptait pas dans le truchement d’obtention de points fatidiques pour les courses de sélection. C’était tout bonnement une course N1, où seul le résultat compte.
C1D
- Marjorie Delassus
- Angèle Hug
- Lucie Prioux
K1D
- Camille Prigent
- Marjorie Delassus
- Romane Prigent
C1H
- Jules Bernardet
- Tanguy Adisson
- Hugo Latimier
K1H
- Anatole Delassus
- Benjamin Renia
- Malo Quemeneur
Quelques grands noms encore sans ticket avant la N1 de Pau
Certains athlètes qui ont déjà brillé à l’international n’ont pas encore leur ticket d’accès pour les piges. A l’image de Pol Ouhlen et Etienne Daille (7e aux JO de Londres) en K1H par exemple, ou encore Yohann Sénechault ou Valentin Marteil en C1H qui devront impérativement truster l’une des deux premières places de la N1 de Pau pour voir Vaires, les sélections équipe de France 2023.
Sortez vos calepins pour la sélection du collectif Bleu 2023
Il faudra être vif pour comprendre ce qu’il se trame entre les fiches et les rives à Vaires lors des Sélections, mais aussi ressortir ses vieilles notes et souvenirs de 2022 pour comptabiliser le « temps d’identification international » de chaque athlète… Et pour couronner le tout, une troisième performance sera comptabilisée sur les premières courses internationales 2023. Vous êtes perdu ? Nous aussi…
Difficile de comprendre les critères qui feront juges de paix et de vous en dire plus. De ce que l’on comprend pour le moment, toujours au conditionnel sous réserve de validation du comité de performance et autres référents dans la sélection, qui ont l’espère nous éclaireront au fil de l’eau et de la saison, des athlètes comme Boris Neveu, Anatole Delassus ou encore Nicolas Gestin (vainqueur de la Coupe du Monde 2022) devraient bénéficier d’une performance 2022 qui pourraient compter dans la sélection. Peut-être que d’autres athlètes seront concernés, mais cela relève encore de la supposition.
Pourquoi on suppose cela ?
Extrait règles de sélections :
La sélection définitive de l’Équipe de France Senior 2023 s’effectue en trois temps définis ci-après :
o Temps d’identification international 2022
o Temps d’identification national (courses de sélection nationale = piges )
o Temps de confirmation sur le premier bloc de compétitions internationales Senior
Sélection Paris 2024
La sélection pour les Jeux Olympiques de Paris 2024 se feront donc sûrement sur la saison internationale 2023, à savoir les Championnats du Monde à Londres ainsi que la Coupe du Monde 2023 à Vaires sur Marne.
Vaires, un monde moins transparent ?
A l’époque où la transparence semble de plus en plus à la mode, la presse spécialisée peine à vous faire un retour convenable tant le mode de sélection est opaque en ce qui concerne l’eau vive. Pour être certains de ne pas dire de bêtises et de tout même parler de notre sport et de la préparation de Paris 2024, CKM ira à la rencontre de la FFCK et de ses experts pour comprendre un petit mieux les tenants et les aboutissants de ces sélections 2023 et du futur collectif olympique qui représentera la France à la maison.
La route est encore longue et plus que jamais sinueuse pour les slalomeurs.