Du haut de ses 22 ans, Nelia Barbosa n’a pas tremblé. Elle était déjà considérée comme l’un des plus grands espoirs de médaille du canoë-kayak à Tokyo par sa fédération, aujourd’hui elle se révèle au pays tout entier en arrachant cette belle médaille d’argent pour ses premiers Jeux.
Le kayak comme religion
Quand une rencontre au bord d’un bassin de slalom fait basculer un destin. C’est l’histoire de Nélia Barbosa, passée en quelques mois d’une pratique du slalom en club, aux rêves de médailles à Tokyo. Elle a débuté le kayak à 12 ans, parce qu’elle avait besoin de bouger, envie de plein air et que le kayak lui faisait de l’oeil. Depuis, Nélia n’a plus quitté la pagaie.
A l’âge de 19 ans, elle est diagnostiquée atteinte d’une neurofibromatose. Une sorte de tumeur bénigne, mais très invasive, qui l’a conduit tout droit vers une amputation du pied. Mais, Nelia Barbosa ne délaisse pas pour autant son goût pour la glisse. Le sport, comme catalyseur de ses envies et de son énergie, la pousse à continuer sa pratique après sa rééducation.
C’est sa rencontre avec Sylvain Curinier à Saint-Pierre-de-Boeuf, lors d’un stage avec son club, qui va tout changer. Il lui conseille de contacter Eric Le Leuch le head coach du paracanoë tricolore. Celui-ci lui propose alors de participer aux Open de France, elle y gagne sa sélection en équipe nationale et la voilà parti dans l’aventure paralympique en avril 2019.
« J’ai une grosse pratique du slalom derrière moi et je me suis rapidement adaptée au paracanoë, explique-t-elle. Mais tout est allé très vite. »
Tokyo comme validation
Autrice d’une départ canon, Nelia Barbosa réalise une course pleine et vient prendre une superbe médaille d’argent derrière l’intouchable britannique Laura Sugar. Seulement quelques années après sa reconversion en course en ligne la dynamique Nelia est déjà au sommet de son sport.
« J’ai essayé d’aborder cette course comme toutes mes autres courses. Je suis partie fort en essayant de ne pas me focaliser sur mes adversaires. J’ai relancé fort à la fin, je ne pouvais pas faire plus, je n’avais plus de bras !
Revivez sa finale
Tokyo d’argent, Paris doré ?
Guerrière dans l’âme et passionnée jusqu’au bout de la pagaie, Nelia Barbosa a forcément déjà un petit peu Paris 2024 dans un coin de la tête où elle figurera parmi les favorites sur un bassin qu’elle connait si bien. D’ici là, notre Bleue va surement prendre le temps de savourer, de jeter un oeil sur son incroyable parcours, le partager, pour revenir de plus belle dans la ligne droite du 200m.
La pression s’est transformée en force, avec la rage d’y être et cela a bien marché. Ce que je retiendrai pour mes premiers Jeux au Japon, c’est que j’ai appris beaucoup de choses, je sors de ces Jeux plus mature ; j’aurai des choses à apporter aux jeunes qui me suivent dans mon club et qui ont été très attentifs à tout ce que j’ai fait ces derniers mois et années sur mes entrainements et stages. Je suis donc heureuse de leur apporter cette médaille et de la montrer en rentrant.
Nelia BARBOSA
Eddie Potdevin 6ème
Pourtant rapide dès les séries, Eddie Potdevin n’a pas pu jouer le podium en finale. Il prend la 6ème place d’une finale très dense.
« C’est une belle campagne paralympique qui se termine ce jour. Le sentiment principal qui émerge, c’est une énorme satisfaction avec la très belle médaille d’argent de Nélia BARBOSA et la très belle médaille de bronze de Rémi BOULLÉ. Il y a malgré tout de la frustration par rapport à Eddie car il avait la capacité de monter sur ce podium paralympique ; mais, il aura vraiment beaucoup progressé sur cette paralympiade et il peut être fier aussi de son parcours et du travail réalisé.
Ludovic ROYE, DTN