Les Bleus étaient entre les piquets allemands le week-end dernier. Le collectif revient avec deux médailles de Markkleeberg. Après le retour de Mathieu Biazizzo à Prague, c’est cette fois-ci le retour sur le podium de Boris Neveu et surtout la nouvelle victoire de Denis Gargaud Chanut qui ont mené l’Équipe de France. Le champion olympique en titre ne sera pas à Tokyo, mais il a une fois de plus montré à tous qu’il était un grand nom de ce sport et qu’il ne fallait pas l’oublier pour la suite…
Un olympien sur la boîte
Il y a longtemps qu’on avait pas vu Boris Neveu performer sur la scène internationale. Là où beaucoup pressentaient Quentin Burgi, Benjamin Renia ou encore Mathurin Madore (bref un jeune cheval fougueux), c’est finalement Boris Neveu qui avait (enfin) remporté son ticket olympique en octobre dernier. Depuis, difficile d’évaluer si c’est le français qui a le plus de chances de briller ou non, comme beaucoup aiment à parier, étant donné que la crise sanitaire n’a pas permis de réaliser les compétitions de préparation (hormis le Championnat d’Europe et les deux Coupes du monde). En tout cas à Markkleeberg, Boris Neveu répond présent et grimpe sur la boîte malgré une touche, à quelques semaines des Jeux Olympiques de Tokyo.
« Boris NEVEU nous montre la voie pour Tokyo ! Alors qu’il était en difficulté sur les Europes et Prague, il règle la mire à Markkleeberg par une médaille de bronze sur une navigation très engagée. Cela arrive au meilleur moment dans la préparation olympique. Cela va catalyser le groupe vers la recherche de performance olympique. Prochain rendez-vous : les JO. »
Cristophe PRIGENT
Il faut partir à point
Comme nous le rappelions la semaine dernière, l’important en sport n’est pas de rassurer les supporters en amont, mais bien de répondre présent le jour J.
Et d’ailleurs, en ayant tendance à sous-estimer la pression médiatique et sportive inhérentes aux Jeux Olympiques, on est parfois surpris d’assister à des déceptions ou des célébrations sur des performances qui peuvent sembler acquises ou évidentes. Samedi à l’arrivée, on a vu Boris Neveu satisfait, presque rageur comme son compatriote céiste Denis Gargaud Chanut, malgré une touche qui lui coûte une place. Probablement un ouf de soulagement de la part du kayakiste français après une grosse performance enfin représentative de son état de forme. Une médaille de bronze qui valait surement de l’or à quelques instants de ses premiers Jeux Olympiques, lui qui a une histoire si compliquée avec ces derniers. Quoiqu’il arrive à Tokyo le palois a rendez-vous avec l’histoire, son histoire. Et si il réalise une performance comme il vient de le faire en Allemagne, Boris Neveu en fera dessaler plus d’un de leur barque à préjugés.
Denis Gargaud-Chanut au sommet
Champion olympique en titre, Champion d’Europe en titre et depuis peu, victorieux de la Coupe du monde n°2. Dans une discipline où l’accès en finale se joue parfois au dixième de seconde, Denis Gargaud Chanut a réussi à dominer et remporter deux des trois courses internationales qui se sont déroulées cette saison. Pourtant, le marseillais ne sera pas à Tokyo.
6 questions à Denis Gargaud Chanut
Comment te sens tu après cette nouvelle victoire ?
Je suis content de mon début de saison. J’ai fait un bon championnat de France et un bon championnat d’Europe. Après ça j’ai été surpris par ma motivation toujours intacte. Assez inhabituel chez moi après une victoire au plus haut niveau. À Prague j’étais très très énervé contre moi-même car j’avais la perf au bout des doigts ! J’ai voulu rectifier ça à Leipzig même si au départ j’aurais préféré performer à Prague et essayer de changer de border à Leipzig. Mais pour le moment je sens que ce n’est pas encore le bon moment.
On imagine qu’il y a de l’ambivalence dans tes sentiments. Tu performes au top niveau, pourtant tu ne seras pas à Tokyo. Comment continues tu d’avancer ?
Oui forcément Tokyo est dans ma tête on ne va pas se mentir. J’ai beaucoup souffert ces derniers mois donc je suis habitué à la douleur. Ça ne va pas être un mois de juillet facile à vivre mais je pense que je peux surmonter ça ! Je suis bien entouré … Et si beaucoup de gens veulent me voir mourir sportivement, d’autres croient encore en moi et c’est ceux-là qui comptent !
Tu travailles sur du changement de border. Ce que ton ancien coéquipier Fabien Lefèvre a fait avant toi. Qu’est ce qui t’animes aujourd’hui pour cette fin de saison et les saisons à venir ?
Alors ce n’est pas vrai ! Même si c’est Fabien qui m’a poussé à le faire à l’époque je suis je crois le premier a l’avoir fait dans une finale mondiale et à la gagner ! Aujourd’hui paradoxalement je suis concentré sur ma progression à droite car c’est un projet à moyen long terme au niveau technique. Pour le reste j’ai travaillé sur une nouvelle approche de la compétition et pour le moment, je veux que ça reste secret
Qu’entends-tu par « mourir » sportivement ? C’est ce que tu ressens ?
Oui après les sélections j’ai vu passer beaucoup de messages ou de publications anonymes de la part de gens très courageux qui se lâchent … Pour moi même si ça ne reflète pas forcément ce que tout le monde pense ça montre aussi ce qu’une partie des gens pensent. Et ça m’a fortement blessé !
La frustration des JO, ce gros coup dur, nous fait un peu penser à Tony Estanguet en 2008. On se souvient tous de l’après 2008 de Tony. Rester, perdurer dans la performance et revenir pour aller chercher un deuxième titre olympique ?
Je n’y avais pas pensé ! Je pense que la comparaison est maladroite, je ne suis pas Tony mais Denis !
Denis merci pour ton temps. Quelle est la suite pour toi ?
Avec plaisir. La suite je vais rester au contact du bateau jusqu’au 5 juillet parce que je prends mon rôle de remplaçant olympique au sérieux . Après, vacances jusqu’à début août puis Mondiaux de Bratislava.
Sprint final vers Tokyo
Hormis Boris Neveu, aucun des olympiens n’est parvenu à se hisser en finale sur les trois échéances internationales de la saison. Pas de quoi se rassurer, ou rassurer les supporters. Mais probablement beaucoup de pensées qui fusent dans la tête de nos champions. Une fois de plus et comme souvent à très haut niveau, les Jeux Olympiques se joueront sur l’eau mais aussi dans les cerveaux.
Compétition hors norme on ne cesse de le dire, les JO sont souvent passés entre les doigts des plus grands, et on parfois sourit aux audacieux du jour. Les Bleus ne partent pas forcément favoris, mais rien n’est joué avant la ligne d’arrivée, surtout sur cette compétition. Alors réjouissons nous de jusqu’au bout ne pas savoir qu’elle sera l’issue de cette édition si particulière, car c’est sûrement ce qu’il y a de plus beau en sport : ne pas savoir. En haut du bassin japonais, tous auront leur chance. Tous ont rendez-vous avec l’histoire.
D’ici là, place à l’affutage sculptural et mental, Les Bleus des Jeux s’envoleront le 5 juillet de Pau et Vaires, vers Tokyo.
Résultats des Bleus à Markkleeberg
Kayak Dames :
- Camille PRIGENT (KC Rennes) : 8e place en finale
- Romane PRIGENT (Pau Canoë KC Univ.) : 13e en demi-finale
- Marie-Zélia LAFONT (Orthez Nautique CK) : éliminée en qualification
Canoë Dames :
- Lucie PRIOUX (CK Uzerche) : 12e en demi-finale
- Angèle HUG (Eyrieux CK.) : 13e en demi-finale
- Marjorie DELASSUS (Pau Canoë KC Univ.) : 26e en demi-finale
Kayak Hommes :
- Boris NEVEU (ALKC Bagnères de Bigorre) : Médaille de Bronze
- Benjamin RENIA (Pau Canoë KC Univ.) : 16e en demi-finale
- Mathieu BIAZIZZO (Golbey Epinal St Nabord) : 24e en demi-finale
Canoë Hommes
- Denis GARGAUD-CHANUT (Marseille Mazargues CK) : Médaille d’Or
- Cédric JOLY (CK Pays de Brocéliande) : 12 e en demi-finale
- Nicolas GESTIN (CK de Quimperlé) : éliminé en qualification
Kayak Extrême Dames :
- Camille PRIGENT : éliminée en quarts de finale
- Romane PRIGENT : éliminée en quarts de finale
- Angèle HUG : éliminée en quarts de finale
Kayak Extrême Hommes :
• Benjamin RENIA : éliminé en quarts de finale