Au fil de vos navigations sur les rivières vous avez peut-être croisé de drôles d’engins gonflables et colorés. Plus petit qu’un kayak, mais guidé à la pagaie double, le packraft fait son apparition sur nos terrains de jeux. Il permet une nouvelle approche de l’outdoor, notamment en offrant de nouvelles perspectives aux adeptes de trek et multisport. Mais le packraft c’est aussi une innovation gonflée qui pourrait vous surprendre vous, kayakistes.
Si vous n’êtes pas kayakiste et que vous n’avez aucune idée de ce qu’est le packraft, on vous invite à lire l’article : Packraft, le kayak gonflé
Packraft : Révolution d’accès à l’eau
Et c’est vrai qu’avant le packraft, et bien ce n’était pas si simple de débuter en rivière.
Kayakiste ou non, on a tous l’image du canoë bleu de 35 kg loué en plein mois d’août pour descendre (sans eau) les irremplaçables Gorges de l’Ardèche. Accompagné bien entendu des 2999 autres humains partis le même jour à l’aventure, aux devants de la vie sauvage…Bref, ce n’était pas si sexy de savoir qu’on allait ramer pour apprendre, sans mauvais jeu de mots.
L’ADN du packraft
L’ADN du packraft, c’est bien de balayer cette image. L’idée c’est d’aller là où la plupart ne vont pas, en autonomie. Donc pour ne pas fâcher les ardéchois (du sud, les vrais), bien sûr que vous irez sur l’Ardèche à nouveau. Mais peut-être plus en Avril, ou sur un week-end d’octobre, où le micro climat ardéchois viens enrober la rivière et son Pont d’Arc, ou encore pour le légendaire Marathon des Gorges de l’Ardèche ! Bref, vous ne voudrez plus faire comme les autres, mais comme bon vous semble. Après tout, vous êtes libre de gonfler et empaqueter quand il vous plait.
CKM # 259
Apparu en Alsaska, Gonflable, facilement transportable, léger, résistant et qui tient dans son sac de randonnée, le packraft est déjà en train de renverser l’image du kayak auprès des non pratiquants. Ce petit raft venu d’Alaska, probablement en expédition trek, pourrait bien être une innovation de taille pour la démocratisation des sports de pagaie.
Une innovation disruptive gonflée
Léger, résistant, gonflable et empactable.
Le poids du packraft varie entre 2 et 6 kg selon les modèles et marques, et une fois dégonflé, il tient dans son sac sur votre dos. Ce qui est déjà une innovation disruptive vis à vis des sit on top ou des open canoë qui sont lourds et encombrants.
En plus de cela, les fabricants ont mis au point un système de gonflage qui vous évite de vous époumoner avant d’embarquer. Il suffit d’ouvrir la valve anti retour comme sur les boudins de raft et hot dog ou comme pour les SUP. Une fois enclenché en position ouverte, la valve accueil le tube qui la relie à un sac de gonflage en toile.
Si vous savez, comme les « fatboy »/pouf qui se remplissent d’air. La grande partie du gonflage se fait avec le sac, puis vous finissez avec votre bouche.
L’outil des aventuriers
Alors vous nous direz « mais qu’est-ce que moi kayakiste, riche de mes sensations et compétences, iraient faire dans une bouée dénuée de toute précision et technicité ? Et bien la réponse que nous vous ferions serait surement que certains de nos érudits ne se posent eux pas la question.
C’est indéniable, cette nouvelle embarcation offre une nouvelle appréhension des milieux traversés et donc de nouvelles possibilités dans les itinéraires. Les athlètes outdoor en sont les premiers témoins. A commencer par l’une des ambassadrices de notre sport, Nouria Newman pour qui la question du packraft ne se pose plus.
Très peu d’hommes (ils se comptent probablement sur les doigts d’une main) sont capables de naviguer aussi bien qu’elle les rivières du monde, et c’est pour ça qu’on la connaît surtout pour être une athlète hors norme. La meilleure au monde en kayak extrême.
Nouria c’est elle pour ceux qui ne la connaissent pas
A pied à cheval ou en Packraft
Mais on oublie souvent que les premières descentes, les trip solo et les canyons de plusieurs jours en classe V, c’est avant tout une aventure outdoor bien plus riche que la navigation seule.
Nouria part pour un week-end Bikeraft à côté de Pau, ou en Islande pour traverser le 2eme plus gros glacier d’Europe à ski et en packraft. Elle y était en octobre bien que la saison ne soit pas idéal, parce qu’il était impossible pour elle de se rendre au Nepal. Comment en est-elle arrivé là ? Et bien assez simplement car en outdoor, le maitre mot c’est A-DAP-TA-TION.
Elle se rend en Islande pour s’entrainer à franchir de grosses chutes dans la perspective de son record du monde de chute (lien intégré Chute PUCUNO), mais avec une panoplie outdoor exhaustive.
Comme elle l’explique elle-même, l’outdoor c’est avant tout incertain. Le niveau d’eau était plutôt bas, alors dans son baluchon elle avait aussi des skis et un packraft. Elle passe donc de franchir des chutes de 20m avec son kayak, à 80km de packraft, dont 10 de portages, le tout glissé dans un trip de 200km.
Nouria avec Boris Langenstein et Tiphaine Duperier (skieuse extreme), tous deux novices en en kayak.
Nouria Newman © Boris Langenstein
Nouria Newman n’en est pas à son coup d’essai. Pourtant, elle fait partie de ceux qui pourraient être les plus réfractaires au packraft, au profit d’une navigation « pure », avec sensations en kayak. Elle refuse donc d’être elle ambassadrice de son sport, une réassurance narcissique pour tous ceux qui prônent un chiasme fort entre le kayak et le packraft.
Un peu comme si un trailer refusait de prendre des bâtons pour ne pas abimer l’ADN du sport ou ses sensations, au détriment du bénéfice de ses appuis. Un peu comme un cycliste qui refuserait de pédaler un gravel. Un peu comme si les passionnés d’outdoor étaient sectaires et anti évolution…. Genre « non, toi aussi tu apprendras avec un tricot fait main, le kway Guy Cotten de ton grand père et ton slip petit bateau ».
Le packraft, outil de démocratisation du kayak ?
Heureusement, l’ADN d’une activité n’est pas uniquement dépendant de la performance et du toujours plus, ni de l’avis de ceux prêt à tout pour que cela reste confidentiel. Non, il y a tout un tas de choses, tout un tas de fonctions ou d’aspect qui caractérise cette ADN unique, au-delà de la performance. Comme le voyage par exemple.
Et le voyage c’est quelque chose qui se construit tout au long de l’aventure. Grâce à ce petit kayak, les possibilités et les milieux de pratiques deviennent innombrables et liables harmonieusement. Que demander de plus ?
Explora Project qui se présente comme l’agence de voyage des nouveaux aventuriers, propose elle un trip trek/packraft dans le Grand canyon du Verdon ou une traversée de l’Islande en 14 jours à ski, à pied et en packraft. Et l’agence est en pleine expansion de son offre, CKM ira d’ailleurs à leur rencontre pour une Interview à venir prochainement.
Nouria Newman © Boris Langenstein
Ce que CKM en conclu
Inspiré du raft et du kayak gonflable, deux supports qui ne font pas particulièrement rêver le kayakiste, le packraft est pourtant bel et bien une petite révolution. L’engin ouvre de nouvelles voies dans les sports outdoor d’épreuves combinées et les aventuriers et kayakistes aux sens les plus aiguisés l’adoptent. Alors les puristes dans l’âme devront certainement tester avant d’adouber le packraft comme un bateau à part entière. Mais c’est une certitude, le packraft ouvre le champs à l’imaginaire de chacun pour découvrir ou redécouvrir nos chères rivières, que ce soit de manière sportive, ou en itinérance contemplative.
Article : Packraft et multisport