Le verdict est tombé pour les C1 hommes ce jeudi lors des championnats de France élite à Pau. En s’imposant pour le deuxième fois dans ces piges olympiques, le Marseillais Denis Gargaud a empoché son billet pour les Jeux olympiques de Rio. Les instances fédérales tempèrent en précisant qu’il sera proposé à la sélection, une précision sémantique par pur volonté de respecter le protocole de sélection.
Quatre ans après sa lutte avec Tony Estanguet, Denis Gargaud a frappé un grand coup pour cette deuxième course. Il s’est élancé en dernier lors de cette finale et n’a pas tremblé après la belle manche de l’un de ses rivaux, Pierre-Antoine Tillard, qui malgré une pénalité avait pris la tête. Avant lui Jonathan Marc et Martin Thomas s’étaient sortis de la course olympique en ne réalisant pas des manches parfaites pour prétendre à la victoire.
Sans toucher une nouvelle fois, le Marseillais a, lui, navigué tout en fluidité, apaisé mais conquérant pour décrocher la victoire avec plus 2.82 d’avance. A l’arrivée pourtant il n’a pas laissé éclaté sa joie, commençant par faire le tour de ses adversaires déçus. « Je suis content mais je sais par quoi passe les autres, disait-il presque fermé. Je savourerai plus tard, je suis à la fois chamboulé et soulagé, c’est le côté du sport de haut-niveau que je n’aime pas. »
Après une olympiade compliquée, où il a privilégié la construction de son avenir professionnel, il voit enfin son rêve olympique se préciser. Malgré une nouvelle organisation loin de Pau ces dernières années, il a su retrouver cet équilibre qui lui permet aujourd’hui de briller. L’an dernier les sélections s’étaient transformées en calvaire, cette saison il a su les aborder sereinement. « L’objectif c’était de bien naviguer, pas comme en 2012 quand on se battait avec Tony. Je suis arrivé préparé techniquement, physiquement et mentalement pour ces piges sans me focaliser sur les touches et résultat ça marche. » Depuis cet automne, il travaille avec Benoît Peschier, champion olympique en kayak à Athènes, une collaboration enrichissante, qui apaise le champion du monde 2011. « On se complète, précise Denis Gargaud. Benoit me calme, ne m’enferme pas dans la prise de risque absolu, c’est très bénéfique. Sa présence sur ces piges était nécessaire cela m’a vraiment beaucoup servi. »
Au moment d’évoquer Rio et son rôle de successeur de Tony Estanguet, il préfère se poser en héritier pour évacuer une part de la pression qui le suivra forcément jusqu’à Rio. « Si je venais à gagner les Jeux je serai son successeur, mais pour l’instant je me vois davantage comme un héritier car je me suis inspiré de lui, comme tout les autres C1. Je veux rester moi-même et ne pas me focaliser la dessus. »
Pas de revanche dans ses propos, pas d’amertume par rapport à 2012, c’est un Denis Gargaud apaisé qui ira à Rio.
Crédit photo : Archives / Sébastien Chaplais