Ces championnats du monde de slalom à Pau marquent le retour au programme officiel du C2 mixte. Trois bateaux tricolores sont au départ de cette catégorie au niveau très hétérogène.
Sept nations se sont lancées dans cette nouvelle aventure du C2 mixte proposée par la Fédération Internationale de Canoë cette année. Mais avec seulement 11 bateaux au départ l’intérêt semble encore limité pour les fédérations. Au bord du bassin, certains des supporters regardent ça avec nostalgie, d’autres y verront peut-être le seul avenir possible pour le C2.
Margaux Henry et Yves Prigent premiers champions du monde du XXI ème siècle
Le C2 mixte revient donc après avoir quitté le programme en 1981. Le format de course est quelque peu allégé puisqu’il n’y avait qu’une manche de qualification et une finale cette après-midi. L’équipe de France a réussi son pari car Margaux Henry et Yves Prigent sont sacrés champions du monde. « On a saisi une opportunité, explique Yves Prigent, on s’est proposé et Richard Fox nous a fait confiance. » « Yves a l’expérience du C2 et je voulais découvrir une nouvelle embarcation, ajoute Margaux Henry »
Après un mois de collaboration, dont deux semaines à Pau, le duo s’est construit peu à peu pour finalement revenir avec l’or.
« On a pris du plaisir, se réjouissait le Breton. Moi je crois au C2, je crois à la mixité donc c’est une belle expérience. Si cela peut permettre au C2 de continuer, pourquoi s’en priver. »
Parler d’olympisme est prématuré, mais dans un pays où le C2 fait partie de la culture kayak, on a du mal à voir cette discipline perdre ses concurrents et son attractivité. Pourtant à l’évocation de Paris 2024, Yves Prigent est enthousiaste. « On rêve des Jeux à titre individuel avec Margaux mais pourquoi pas. »
La France joue le jeu
Catégorie à part entière lors de ces mondiaux à domicile, l’équipe de France se devait de présenter des bateaux, pourtant, lors des sélections, un seul équipage s’était présenté. Jugé trop juste par le staff il n’a pas été retenu.
« Il y avait un titre attribué, donc il fallait être présent, explique Papia Prigent, en charge des équipes olympiques. Pour sélectionner nos équipages, on s’est basé sur les athlètes déjà retenus dans nos collectifs seniors, U23 ou juniors. » On retrouve donc le jeune duo composé d’Angèle Hug et Théo Roisin, médaillé cet été en C2 mixte lors des mondiaux U23 alors qu’ils sont encore juniors. Les deux autres bateaux tricolores sont, soit classé au niveau national (Prigent / Quémeneur), soit composé sur le tard d’athlètes d’expérience en canoë (Prigent / Henry). « Certains athlètes de l’équipe de France senior étaient prêts à s’engager dans la catégorie, mais on a voulu qu’ils privilégient leur projet individuel, qu’ils ne se dispersent pas. »
Une catégorie à développer mais à l’avenir incertain
Le C2 mixte a peiné à séduire pour sa première saison, le niveau est donc très différent entre les embarcations. Les bateaux tchèques ont pris part à certaines manches de Coupe du monde, mais pas nos tricolores « C’est une expérience pour nos jeunes, concède Papia Prigent, ils ont peu d’occasions de courir ce genre de rendez-vous donc c’est bon à prendre. »
Mais la principale interrogation réside dans la place que la FIC veut donner à cette catégorie. « Si un jour on veut revoir le C2 au Jeux olympiques, c’est peut-être la seule option, dit Papia Prigent. Plusieurs fédérations ont donc demandé à la FIC de se positionner par rapport aux C2. »
C2 mixte, slalom extrême, la FIC continue de redynamiser la discipline, mais elle peine peut-être à se faire comprendre par les acteurs sportifs.
Crédit photos : Bruno Dazeur / Gotnough