Les championnats du monde de slalom qui commencent à Pau ce mardi ouvrent une nouvelle olympiade. L’équipe de France de slalom s’est renouvelée cette saison, notamment avec l’arrivée de Richard Fox à sa tête. Entretien avec le nouveau boss du slalom tricolore.
L’ancien champion du monde de kayak de slalom est arrivée en France en mai dernier, alors que la saison avait déjà débuté. Pour autant, l’ancien head-coach de l’équipe d’Australie (5 saisons) qui fut ensuite directeur de la performance durant 12 ans, pose doucement sa touche sur le groupe tricolore. Il évoque pour nous son arrivée, sa vision du groupe et les objectifs des Bleus sur ces mondiaux à domicile.
Comment s’est passée votre arrivée au poste de head-coach de l’équipe de France de slalom ?
Richard Fox : » J’arrivais en Europe pour le circuit européen de slalom quand la France m’a contacté. C’est un challenge intéressant, je reviens à un travail plus au contact des athlètes, dans une nation leader de la discipline qui peut influencer le slalom. Je l’ai déjà vécu en 1997 lors du projet de bassin à Sydney, la France est un élément moteur important pour la discipline. Je ne suis pas là pour tout changer, mais des évolutions sont nécessaires en terme de stratégies, d’orientations pour l’avenir avec en plus la perspective Paris 2024, mais pas uniquement, il y a aussi le nouveau bassin à Vaires Torcy. Ce n’est pas facile mais je suis optimiste c’est intéressant. Depuis cinq mois tout s’enchaine et je suis loin d’avoir tout vu, je vais me déplacer en France pour prendre la mesure de la discipline. Mais attention le principal objectif c’est Tokyo on ne doit pas voir que 2024. On doit travailler tous ensemble sur nos points forts, les ressources humaines, les compétences et nos pratiquants qui sont nombreux.
Que représente cet événement à domicile pour les tricolores ?
R. F. : » C’est une belle opportunité pour nos athlètes de vivre un événement d’une telle ampleur. L’ambiance, l’atmosphère sont particulières et avec le public qui est attendu ça promet un gros événement. C’est une belle occasion pour les athlètes, sur un bassin qu’ils connaissent bien. Il y a plus de pression autour d’eux, mais c’est excitant et tous ont très envie d’être performant à domicile devant la famille du kayak français.
Tout le monde attend Denis Gargaud, champion olympique à Rio l’an dernier. Pourtant on le sent un peu distant de l’événement, non ?
R. F. : » Cette saison Denis a repris tard l’entrainement, car il avait besoin de faire le point. C’est dur d’être champion olympique et l’investissement est important, on doit accepter qu’il prenne du recul. Mais il est serein, bien entouré par sa cellule d’entrainement avec Benoit Peschier et Boris Neveu, il est déjà tourné vers Tokyo. Lors des manches de Coupe du monde il n’a pas été très brillant, mais attention, il n’est pas loin du tout. Toujours bien placé, il monte en puissance. Pau c’est une étape vers Tokyo pour un athlète comme Denis, alors il sera forcément très attendu par le public, par son statut, mais le leader de la catégorie cette année c’est Martin Thomas qui a réalisé sa première médaille en Coupe du monde à Séo.
On s’interroge sur la catégorie kayak dame, qui peine à performer hors des échéances internationales en France. Qu’en pensez-vous ?
R. F. : » C’est une réalité, on est loin d’être leader dans cette catégorie. La France a dominé par le passé, avec Emilie Fer ou Nouria Newman, comme il y a quatre ans, ce n’est plus le cas. A domicile nos bateaux sont performants, il reste du chemin à faire pour nos filles mais on n’est pas si loin. C’est une catégorie qu’on va devoir redynamiser, avec un travail sur le long terme pour mettre les jeunes dans de bonnes conditions. Le constat est assez proche en canoë dame, où on a de bons bateaux mais qui n’arrivent pas à être réguliers. Il faut avoir confiance en la détermination et la concurrence qui règne dans la catégorie tout en aidant les jeunes qui montent.
Quels objectifs avez-vous fixé aux athlètes et au staff pour ces mondiaux ?
R. F. : » Par équipe c’est très aléatoire, cela se joue sur une seule manche avec trois bateaux lancés dans ce bassin… En sport il faut autant savoir accepter la réussite que l’échec.
Je n’ai pas fixé d’objectif chiffré. Il y a une grosse densité donc on verra en finale. C’est très dur de décrocher un titre en slalom, mais avec de la confiance on jouera les podiums, il faut d’abord entrer en finale. »
Crédit photos : Bruno Dazeur