L’équipe de France de descente est bien la meilleure nation mondiale en sprint, elle l’a prouvé dès les finales individuelles des championnats du monde de sprint à Vienne (Autriche) ce dimanche matin. En remportant quatre titres sur cinq, les Bleus n’ont pas fait dans le détail. Seules les filles repartent bredouilles car elles restent au pied du podium.
En qualification samedi, les tricolores avaient donné le ton, mais le plus dur restait à faire, en convertissant ces résultats en médaille. Guillaume Alzingre a tout de suite mis les choses au clair en signant le meilleur temps en C1 homme. Parti en dernière position Quentin Dazeur, pourtant très à l’aise toute la semaine n’a pas réussi à battre le Breton et échoue au pied du podium malgré une belle course, mais un petit ton en dessous de son niveau.
Guillaume Alzingre remporte son 4ème titre mondial au terme d’une course maitrisée devant Normen Weber (All) et Mattia Quintarelli (Ita). « Après les qualifications je savais qu’il y avait plein de petits détails à changer. J’ai fait le choix de prendre des risques, de faire au mieux en m’engageant. Tout s’est passé comme je l’avais décidé, je suis content. » Après Karlovy Vary en 2006, Augburg en 2011, La Plagne en 2012, il s’impose à nouveau dans une catégorie très dense. « Ce titre a encore une saveur différente, car le profil de la course est très court, basé sur la navigation et le placement. Il a le gout de la maitrise ce titre. Je suis heureux car l’an dernier c’était un gros échec, j’ai fait la pire saison de ma carrière. » Malgré une semaine compliquée à l’entrainement, il a su rester dans ses mondiaux pour remporter l’or. « J’ai eu du mal à trouver mes repères, j’ai failli perdre la foi en mes capacités à gagner. Le coaching de Nicolas Laly a été important pour rester dans mon projet. Je savais ce qu’il fallait faire, il me fallait juste l’appliquer sans me perdre. » A l’heure d’évoquer l’avenir, le jeune papa quadruple champion du monde de C1 ne veut pas prendre de décision hâtive. « Je me fais plaisir, je ne suis pas sûr à 100% d’être compétitif l’an prochain, mais pour l’instant je ne pense pas arrêter. »
Dans la conquête de l’or, Paul Graton aura bluffé tout le monde. Le Marseillais en difficulté lors des qualifications (il passe en 14ème position) a su s’échapper de la pression pour frapper un grand coup. Parti en deuxième position, il a réalisé un gros temps d’entrée, faisant une manche presque parfaite, tout en maitrise et en puissance. Il devance Nejc Znidarcic (Slo) et Vid Debeljak (Slo) alors que Gaëtan Guyonnet est 5ème et Clément Faure 13ème. « J’ai essayé d’aborder cette course comme une autre, expliquait Paul Graton. La pression est logique mais je voulais surtout faire ma course et être satisfait à l’arrivée. Je n’étais pas serein samedi soir après les qualifications, mais je me suis remobilisé pour me faire plaisir. » Après avoir signé un bon temps d’entrée de catégorie le Marseillais a du attendre le passage de tout ses concurrents. « L’attente a été très longue… Je ne savais pas quoi penser, même si en voyant mon temps je savais qu’il était bon et que cela pouvait le faire. C’est une belle victoire, une grande satisfaction aussi car j’ai réalisé mon projet. Je venais aux mondiaux pour gagner et c’est très agréable de le faire. » Tout en retenu malgré son titre, Paul Graton se projette déjà vers l’avenir. « J’ai envie de faire de bons championnats de France, la saison n’est pas terminée. Après je me remettrai au travail pour être plus fort aux prochains mondiaux et défendre mon titre. Je suis bien en descente, je me fais plaisir et j’ai tout à disposition pour faire de bons résultats. Toute la semaine on a eu des chronos, des vidéos, les kinés, on est bien encadré pour performer c’est important. Je n’ai pas envie d’autre chose, je reste en descente. »
En C1 dame Claire Haab s’offre le titre mondial après celui de championne d’Europe. Sur le podium elle est devant Martina Satkova (Cze) et Marlene Ricciardi (Ita). « C’était un petit stress de partir à la fin, confiait-elle, mais je suis restée dans ma bulle, j’ai essayé de ne pas regarder les autres à l’arrivée. Je voulais juste faire ma course, alors ce n’est pas ma plus belle manche, mais l’essentiel c’est de gagner. » La jeune Alsacienne, très engagée toute la semaine a passé un cap cette année, et cela se voit dans ses résultats ; championne d’Europe puis championne du monde, elle peut être satisfaite. « Je suis ultra contente, je ne pensais pas réussir le doublé. J’ai l’envie, je me bats quoiqu’il arrive et ça paie. »
Enfin en C2, on attendait Louis Lapointe et Tony Debray mais les deux garçons sont passés à côté de leur finale, comme l’an dernier malheureusement, ils terminent 6ème trop loin de leurs espérances. C’est le jeune équipage composé de Pierre Troubady et Damien Mareau qui gagne à la surprise générale. « Il y a dix ans j’étais champion du monde junior, concédait Damien Mareau, c’est un peu symbolique ! On a réussi à faire la manche presque parfaite et en passant la ligne quand j’ai vu le temps j’ai tout de suite su qu’on était bien, dans le coup pour le podium. » Il a eu raison de lever les bras, car ils ont bien faire leur meilleure descente de la semaine sur cette finale.Déception en revanche pour les kayaks dames qui passent à côté de leur finale. Seule Marion Leriche peut se réjouir de sa finale, car elle prend une belle 5ème place en réalisant son meilleur temps de la semaine pour ses premiers mondiaux. Claire Bren parti en dernière position n’a pu faire mieux que 4ème et Manon Hostens est 9ème, loin de ses ambitions. Le titre est conservé par Constanza Bonaccorsi (Ita), impressionnante dans sa maitrise et sa puissance, et qui devance Anezka Paloudova (Cze) Martina Satkova (Cze).
Après cette belle moisson en individuel, l’équipe de France a continué sa récolte lors des courses par équipe. Les C1 ont donné le ton en s’emparant de la médaille d’or, signant le temps de référence dès la première manche. Guillaume Alzingre est donc double champion du monde, alors que Quentin Dazeur et Antoine Demateis se console quelques peu avec cette médaille en équipe. Sur le podium, ils sont suivis par l’Allemagne et l’Italie.
Les kayaks dames, qui ont subi la finale individuelle dans la matinée, ont réussi à se remobiliser pour aller chercher l’or. Après avoir signé le meilleur temps en 1ère manche, elle ont amélioré leur chrono pour battre la République Tchèque et son équipe rajeunie mais conquérante et l’Italie. Pourtant les filles se sont fait quelques frayeurs durant chacune des descentes ; Manon Hostens qui fermait la marche est montée à deux reprises sur le pont arrière de Claire Bren mais sans pour autant gêner sa coéquipière, un exercice de style bien maitrisée !
L’or colle décidément à la peau des tricolores et les kayaks hommes n’ont pas dérogé à la règle, puisque Paul Graton, Gaëtan Guyonnet et Clément Faure se sont imposés devant la Slovénie et la République Tchèque. Auteurs du temps de référence en première manche, les Bleus ont pris le départ de la seconde en étant déjà sacrés. Comme Guillaume Alzingre, Paul Graton réalise donc le doublé sur ces mondiaux.
Enfin les C2 ont parachevé le travail en gagnant la course par équipe. Les équipages Lapointe / Debray, Mareau / Troubady et Guyonnet / Dazeur l’emporte devant la République Tchèque et la Slovénie pour le 8ème titre de l’équipe de France sur ces mondiaux où le seul métal remporté fut l’or.
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Photo : Bruno Dazeur