Course en ligne : la préparation des sprinters à Abu Dhabi avec Maxime Beaumont

Quatrième du K1 200m des Jeux olympiques de Londres en 2012, médaillé de bronze en K2 200m aux derniers mondiaux avec Sébastien Jouve, Maxime Beaumont (Boulogne sur Mer) est devenu la référence tricolore sur 200m. En l’espace de quatre ans, il s’est imposé sur la scène internationale et espère bien emmené pour la première fois un bateau tricolore sur le podium du 200m aux Jeux olympiques de Rio. Fort de l’expérience de Sébastien Jouve et à côté de la polyvalence d’Arnaud Hybois, il s’est forgé sa place pour être un meneur indiscutable. En stage actuellement à Abu Dhabi avec l’équipe de France, il nous explique ce choix de destination et aborde sa préparation pour cette saison 2015 qui doit déboucher sur la course aux quotas olympiques.

Pourquoi ce choix de partir à Abu Dhabi ? 
Maxime Beaumont : « Avant on allait à Séville, mais on a eu une mauvaise expérience l’année dernière, car il y avait trop de monde. Au Portugal, il ne fait pas super chaud à cette période. C’était initialement prévu que l’on aille en Floride mais c’est très compliqué de trouver un hébergement. On s’est rabattu sur Abu Dhabi. Les spécialistes du 1000m sont au Maroc, mais lorsqu’il y a du vent cela peut être galère et on aime bien changer de temps en temps.
L’idée était de partir au chaud pour terminer la reprise du bateau en faisant pas mal de kilomètres et pour commencer les premières séances d’intensité (EB2/EC).
maxime_beaumont_2©philippe_averous
Comment sont les conditions d’entraînement ? 
M.B : « Elles sont bonnes. Il y a un peu de vent mais ça le fait bien ! La musculation se fait à l’hôtel ou sur la plage. Il fait surtout chaud et c’est très agréable.
Quels types de séances faites vous et avec quel objectif? 
M.B : « On a fait beaucoup d’EB1 la première semaine et ensuite on a intégré des séances avec plus d’intensité. On fait aussi de la musculation durant tout le stage pour maintenir le niveau de force tout en abordant l’explosivité.
maxime_beaumont©philippe_averous
2015 est une année charnière et cruciale en vue de Rio, as-tu changé quelques choses dans ta préparation ? 
M.B : « Oui, on a décidé de faire plus de regroupements avec Sébastien Jouve (mon coéquipier de K2 ces dernières saisons) cet hiver pour maintenir notre niveau en K2. Cela passe par le fait de conserver nos repères et de maintenir nos habitudes de navigation ensemble.
Sur un plan plus personnel, j’essaie d’avoir plus de rigueur au quotidien (récupération, nutrition) et j’ai mis ma formation entre parenthèse pour me consacrer exclusivement au bateau.
Qu’est ce qui peut faire la différence en vue des mondiaux ? 
M.B : « La navigation en K2 je pense. Les meilleures nations en K2 (Allemands, Serbes, Anglais, Lithuaniens) naviguent. Nous on ne le fait pas en stage car on est jamais sûr de passer aux piges en monoplace. Le K2 n’est pas figé, il est remis en question tous les ans en fonction des résultats des piges. Avec Sébastien, c’est un peu un pari. Nous souhaitons gagner et pour cela on s’entraine ensemble en amont sinon cela veut dire qu’on oublie le biplace entre août à mai. Ensuite on a quatre mois pour tout refaire et être les meilleurs ! C’est dur, on a fait ça en 2013 et on termine 4ème à 2 centièmes, pareil en 2014 et on fait 3ème. Cette année on veut prendre le risque de gagner du temps !
Penses-tu que vous « maitrisez » de mieux en mieux la préparation spécifique des sprinters avec François During qui s’est bien spécialisé depuis quelques saisons ? 
M.B : « Oui complètement. On avance petit à petit sans prendre de gros risques mais l’orientation que nous avons pris depuis maintenant plusieurs années semble la bonne. Nous n’avons pas voulu changer du tout au tout. Comme ça nous avons pu voir ce qu’on pouvait garder et ce qu’il fallait changer. Aujourd’hui nous arrivons quand même à quelque chose de bien différent notamment dans l’esprit, la façon d’aborder les choses.
Comment cela se traduit au quotidien dans l’approche de l’entrainement ? 
M.B : « Cela se traduit par plus de rigueur, plus de qualité: la bagarre se fait au centième en 200m. Il ne faut donc rien laisser au hasard à chaque séance.
Comment abordes-tu cette saison sur un plan personnel et vis à vis de l’équipe ? 
M.B : « Sur le plan personnel, je veux confirmer mon niveau individuel aux piges et mon niveau en K2 sur la saison. Vis a vis de l’équipe, j’aimerai montrer l’exemple, essayer d’emmener avec moi les jeunes et l’équipe (sans prétention). Je veux apporter ce que j’ai de meilleur au profit de l’équipe pour qu’elle devienne, avec la contribution de chacun, une des meilleures équipes mondiales. Je pense qu’une dynamique de groupe est essentielle : un individu fort dans un groupe fort. Dans un moment de faiblesse, l’autre aide… Le partage d’expérience, la motivation, la confrontation et donc le dépassement de soi découlent du groupe et sont importants selon moi. Et puis j’aimerais, dans quelques années, voir performer et aller supporter mes copains(ines) plus jeunes.
Où seras-tu en rentrant d’Abu Dhabi à Boulogne ou à Vaires sur Marne ? 
M.B : « Je serais à Boulogne sur Mer pour 10 jours car ma femme est enceinte ! Ensuite je serai à Vaires sur Marne une semaine puis au Portugal pour l’essai du nouveau K2 Nelo.
Quand te reverra-t-on en compétition en France ? 
M.B : « Je vais faire la saison de fond mais je vous donne rendez-vous à l’International Race de Boulogne sur Mer les 11 et 12 avril prochain avec un gros plateau sur 200m. »
Propos recueillis par Mélanie Chanvillard
Photos : Philippe Averous / février 2015
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