Les canoës et kayak gonflables /pliables, toutes technologies confondues, ont bien des atouts face aux embarcations rigides: facilité de transport et stockage, masse et prix raisonnables, robustesse, stabilité, etc. Cependant, lorsque l’on cherche ce type d’embarcation, on se rend vite compte que les références sont nombreuses, les prix vont du simple au double et les différences techniques sont difficiles à discerner pour un non expert. L’objectif de cet article est de donner des clés de compréhension afin de choisir un canoë ou kayak gonflable qui correspond à vos besoins.
Déterminer quelle gamme de kayaks gonflables et démontables est adaptée à votre pratique
Les questions à se poser
Dans quel milieu je vais évoluer ? Quel est mon usage du bateau ?
Les réponses possibles sont simples : mer, lac, rivière calme, eau vive; balade, randonnée, sortie sportive, pêche, etc. Ces deux questions doivent vous permettre de faire le tri entre les grandes typologies de bateaux.
Balade
Aussi appelé recreational en anglais, ce sont des bateaux conçus pour se balader en eau calme, sans prétentions particulières autres que la stabilité et la facilité de prise en main. Ils permettent des sorties à la demi-journée, voire la journée.
Randonnée polyvalente et cross over
Les bateaux de randonnée offrent une large palette d’usages. Ils sont généralement taillés pour parcourir des distances raisonnables de manière confortable. On retrouve sous cette appellation des bateaux polyvalents, capables d’aborder tous types de conditions, avec des espaces conçus pour le rangement de matériel.
En parallèle, le concept de «cross over» est issu des kayaks rigides. Ces bateaux offrent plus de sensations sur l’eau, tout en étant généralement pontés. Ils peuvent être utilisés dans des conditions un peu plus sérieuses (vagues, vent, rapides classe 2, voir 3)
Randonnée mer et eau calme
Ce sont des bateaux conçus pour faire de la distance dans tous types de conditions, notamment avec du vent et des vagues. Ils sont donc généralement longs et fins, pontés, et assurent un bon maintien du cap. Certaines versions sont équipées d’une dérive ou d’un gouvernail. Habituellement, on y trouve un certain volume de rangement, pour partir sur plusieurs jours.
Eau vive
Un kayak gonflable d’eau vive est conçu pour être maniable et propice au franchissement de mouvements d’eau, jusqu’en classe 3, voir 4. Pour cette raison, les embarcations sont assez courtes, trapues, avec un avant relevé (le rocker). Que ce soit pour un programme «sport» ou «randonnée», ces bateaux sont pontés ou auto videurs, et dotés d’une construction robuste.
Packraft
Dans le monde du kayak gonflable, le packraft transporte l’idée de légèreté et compacité absolue. Sous ce même nom, il existe de nombreuses familles: certaines orientées randonnée, d’autres eau vive par exemple. La construction va généralement au plus simple et la forme est assez courte, trapue. Il en résulte des bateaux sans équivalent en termes de facilité de transport, mais qui font des concessions sur la navigation (notamment la vitesse, la prise au vent et le maintien du cap).
Pêche
S’il est théoriquement possible de pêcher depuis n’importe quelle embarcation, il existe des produits dédiés à la pratique de la pêche. Leurs atouts : proposer une excellente stabilité et une accessoirisation qui facilite la pratique (porte canne, divers rangements, siège plus confortable, etc.).
Affiner en fonction de ses besoins
Les questions à se poser
- De combien de places ai-je besoin ? Quelle quantité de matériel je vais emporter ?
Au sein d’une même gamme, ces deux questions vont déterminer quel type de bateau vous allez choisir : monoplace, kayak gonflable biplace ou plus; avec de petits espaces de rangements (quelques litres) ou bien de plus grand volumes (100, 200 litres en expédition).
- Est-ce que j’ai des contraintes majeures ?
Ici, il s’agit de déterminer les bornes que vous ne voulez pas franchir : en termes de prix, de facilité de transport, de masse à embarquer, etc.
Nombre de places
C’est le nombre de sièges. Sur le marché on trouve principalement du kayak gonflable une ou deux places. Certains en ont plus. Pour les enfants, attention aux places dédiées : s’il est indiqué 1 adulte + 1 enfant, la seconde place est généralement très petite.
Capacité de chargement
Elle s’évalue avec deux informations : la charge maximum et le volume disponible.
La première c’est le poids maximum que l’on peut mettre dans le bateau : pagayeur(s) + matériel. Au-delà de cette limite, le bateau perd ses caractéristiques de navigation, notamment la stabilité. Il ne faut pas hésiter à prendre large : l’équipement personnel du pagayeur, mouillé, avoisine rapidement les 10kg. La deuxième c’est le volume des «soutes», en litres (pour les bateaux fermés). Là il faut anticiper le volume de matériel que l’on prévoit d’emporter. Cet aspect concerne généralement les pagayeurs qui prévoient de partir sur plusieurs jours.
La modularité
Certains bateaux proposent une modularité, pour s’adapter à un large spectre d’utilisations. On retrouve ainsi des embarcations biplaces qui se transforment en mono (un siège en position centrale), pour embarquer plus d’équipement. Le pontage amovible est aussi un classique : présent, il limite la prise d’eau dans les vagues, protège le matériel transporté, permet de rester au sec, retiré il permet d’embarquer du matériel plus volumineux, de voyager plus léger, ou simplement naviguer les jambes à l’air.
Facilité de transport
La facilité de transport du bateau est déterminée par deux facteurs : sa masse et son volume plié. Concernant la masse, un kayak gonflable ou pliable fait entre 10 et 20kg, plus pour certains biplaces. Pour le volume, il faut chercher les dimensions du sac. Pour rester raisonnable et envisager un transport en train/avion, il faut que la somme longueur + largeur + hauteur soit inférieure à 160cm(dimensions «soute»).
On peut aussi veiller au type de sac fourni et à la présence de roulettes. Deux exceptions: les bateaux démontables ou hybrides ont un avantage; on peut les ranger dans plusieurs sacs indépendants. Ensuite, les packrafts, puisqu’ils font généralement entre 2 et 6kg, pour un volume réduit: l’idéal pour le train, covoiturage, voir le vélo.
Le prix
D’une manière générale, une bonne forme de kayak ou canoë est le fruit d’une expertise, de temps passé à tester et prototyper, de compromis… Il est pourtant difficile de dire qu’il y a de bons ou de mauvais kayaks gonflables. Tout dépend du programme, du budget, des attentes. S’orienter vers certaines marques permet une certaine garantie quant à la qualité de fabrication, aux performances sur l’eau, à la réparabilité; mais cela a un certain prix. Un bateau en caoutchouc bien entretenu peut durer facilement plus de 20 ans et des marques comme Nautiraid peuvent refaire des toiles pour des bateaux ayant plus de 40 ans.
Les bases techniques d’un kayak gonflable et démontable
Pour comprendre le jargon du kayak gonflable, rien de tel qu’un tour d’horizon des principaux éléments composant le bateau.
Géométrie du kayak gonflable et navigabilité
Longueur et largeur
Ce sont les deux éléments à regarder en premier lieu sur la fiche technique. Ensemble, ils définissent en grande partie : la glisse du bateau, sa maniabilité, sa stabilité. Plus le bateau est long, plus il sera rapide, plus il est court, plus il sera maniable. Côté largeur, plus elle est grande, plus le kayak est stable, mais il perdra en glisse.
Forme de la coque
La forme de la coque, et plus globalement la forme du bateau, est l’élément le plus complexe à appréhender car elle ne peut pas se résumer avecdes chiffres simples. On peut retenir deux aspects primordiaux : le giron et la forme du fond. Le giron, c’est la courbure de la coque dans sa longueur. Plus la coque est tendue, droite, plus elle va glisser et ira droit.
A l’inverse, plus elle est courbée, «gironnée», plus elle sera maniable, mais perdra en vitesse. La forme du fond, elle, influe beaucoup sur la stabilité. Sur les bateaux gonflables, on retrouve le plus souvent un fond plat, gage de stabilité en eau calme. D’autres formes sont possibles sur les bateaux en drop-stitch, peau tendue ou origami, avec certains gains à la clé: rigidité, glisse, maintien du cap, stabilité lorsque l’on gîte, etc.
Technologies et architectures
Gonflable traditionnel
C’est la construction classique des bateaux gonflables. La coque et le fond sont constitués de «boudins», ce qui leur procure plusieurs avantages : simplicité de fabrication et donc un prix raisonnable, une robustesse relative, ainsi qu’un gonflage/dégonflage très simple. La géométrie est généralement assez basique, ce qui induit navigation simple : ça peut être un avantage pour un débutant, mais le bateau peut être limité : manque de rigidité, de glisse, de maintien du cap.
Gonflable Drop Stitch
Le Drop Stitch est une technologie permettant d’obtenir des panneaux gonflables, offrant un gain en termes de rigidité, de masse (selon les matériaux) et de géométrie au niveau de la coque, tout en gardant l’aspect robuste et pratique du gonflable. C’est un élément «haute pression».
On peut retrouver un panneau drop-stitch uniquement sur le fond du bateau. Dans ce cas, le plancher est plus rigide, procurant une meilleure glisse qu’un gonflable classique. On peut aussi retrouver du drop-stitch sur les franc-bords (cotés): dans ce cas, cela permet des géométries plus complexes qu’avec des boudins, pour divers gains (stabilité, vitesse, rigidité, volume intérieur).
Peau tendue et hybrides
C’est l’architecture historique des kayaks : une structure (bois, aluminium, etc.) permet d’établir la forme du bateau, et une «peau», aujourd’hui synthétique, assure l’étanchéité. La géométrie peut être très travaillée ce qui permet généralement un bateau avec une très bonne navigabilité. La structure est cependant vulnérable aux gros chocs.
On trouve aussi des bateaux hybrides, combinant structure rigide et boudins gonflables, alliant le meilleur des deux mondes: très bonne navigabilité, stabilité exemplaire, capacité de chargement, etc.
Pliable «Origami»
Ici la coque est constituée d’un panneau rigide, pliable à certains endroits. Dans un sens, il a le volume d’une valise, dans l’autre celui d’un kayak. La navigation est proche d’un kayak rigide pour une masse et un encombrement réduit. Côté robustesse, c’est théoriquement assez solide pour de la randonnée, mais les possibilités de réparations paraissent limitées.
Les informations à ne pas rater
Au-delà de la forme du bateau, dela manière dont il est construit et de son programme de navigation, certains éléments sont à prendre en compte lors du choix de votre future embarcation.
Les matériaux
Les matériaux classiques composant les kayaks gonflables et démontables sont les toiles enduites. Il y a donc deux types de matériaux : celui de la toile, et celui de l’enduction. La toile est généralement en polyester ou en polyamide/nylon, plus résistant.
Pour comparer deux toiles de même nature, on peut regarder le grammage du fil, indiqué en decitex (dtex). Plus il est grand, plus le fil est gros, donc résistant et lourd. Globalement, tout matériaux confondus, les toiles de kayak gonflable sont entre 200 et 1000 dtex.
Concernant l’enduction, le revêtement peut être appliqué d’un côté (enduction simple) ou bien des deux côtés de la toile (double enduction), plus solide, limitant le risque de perçage, mais plus lourd. L’enduction est généralement faite en PVC (polychlorurede vinyle), qui offre un bon rapport prix/masse/solidité. On retrouve aussi des enductions en caoutchouc, plus durables. Il peut être composé à partir d’une base naturelle, comme chez Gumotex (Nitrilon), ou synthétique : l’Hypalon/CSM/CSPE ou l’EPDM de chez Grabner par exemple.
Pour les packrafts, visant avant tout la légèreté, c’est le TPU qui est privilégié car il offre un très bon rapport poids/résistance.
Nombre de couches
Alors que les bateaux visant la légèreté (ou un prix bas) sont généralement constitués d’une seule couche de toile (simple ou double enduction), les embarcations cherchant certaines caractéristiques spécifiques sont constituées de plusieurs couches de matières; sur le fond par exemple (plus résistant) ou certaines zones spécifiques (rigidité, pré-tension pour induire une courbure).
Une zone multicouche est donc très souvent l’indicateur d’une coque travaillée avec soin par le fabricant.
Bateaux à vessies
Parmi les bateaux à boudins, on trouve aussi des constructions à vessie (bladder): une couche de tissu assure la résistance mécanique, à l’intérieur de laquelle se trouve une vessie amovible. Le choix de cette technologie est avant tout économiqueaujourd’hui : on la retrouve sur les bateaux premier prix. Or, la vessie est un élément particulièrement fragile. Elle risque le perçage si elle est mal installée dans la toile, ou si du sable/cailloux viennentà rentrer. Même avec un soin tout particulier, il faudra la changer un jour(2 ans, 5 ans?)et là,difficile de dire si la pièce sera toujours disponible: aucun magasin ne peut vous le garantir, ni même une marque. Il faut donc choisir ce type de bateau en connaissance de cause.
Valves et compartiments
Les valves sont les organes permettant le gonflage-dégonflage du bateau. Elles servent à chaque utilisation du bateau et c’est souvent le premier élément en cause sur une fuite d’air. Il est donc important de s’assurer de leur qualité. On trouve trois grands types de valves de gonflage-dégonflage:
Valves à vis
Utilisé sur les éléments secondaires, elles s’utilisent à la bouche.
Valves Boston
Elles sont sur les bateaux d’entrée de gamme et matelas gonflables. Utilisables avec une pompe à embout basique. La version «collé» est difficile à changer s’il faut la remplacer.
Push-Push ou quart de tour, du type Halkey RobertsC, D, E.
On les trouve sur la majorité des bateaux gonflables, basse ou haute pression. Utilisablesavec une pompeet embout normalisé, elles sont remplaçableset robustes.
Le nombre de valves est lié au nombre de compartiment du bateau. Sur un gonflable classique, il y en 3 ou plus (fond + cotés x2). Sur un hybride, il y en a 2 ou plus (côtés x2), le fond étant structuré par l’armature. La présence d’une valve de surpression sur le plancher est un indicateur de la qualité de construction du bateau : elle permet d’éviter les dégradations dues aux surpressions du fond (surgonflage, surchauffe en été, déformation dans un rapide). Aussi, si le fabricant prend le soin d’en installer une, c’est qu’il n’est pas aux petites économies.
Confort – Accastillage
L’accastillage fait partie intégrante du bateau. Il doit permettre une bonne position pour pagayer confortablement et efficacement. Sur un kayak, outre le siège et le dosseret, il faut trouver des cale-pieds ajustables pour transmettre efficacement le coup de pagaie au bateau.
Sur les modèles qui visent l’eau vive, la présence de cale-cuisses/genoux assure de pouvoir contrôler le bateau de manière optimale. Tous ces éléments doivent être ajustables. Pour naviguer en mer, le bateau doit être équipé d’une ligne de vie : elle permet notamment de remonter plus facilement à bord. Si on peut l’utiliser en lac, elle est à proscrire en rivière, où le risque d’accrochage est dangereux.
Préparation
Le temps de préparation et de rangement d’un bateau est généralement de 5 à 15 minutes. On ne peut pas faire de généralité sur cet aspect : tout dépend du modèle et de l’habitude que vous avez de le faire. La présence d’une pompe à main double action est synonyme de rapidité de gonflage. Un manomètresur la pompe est un plus pour vérifier la pression du bateau.
Accessoires inclus et options
Il est difficile d’être exhaustif concernant les accessoires et les options tant ils sont nombreux et dépendent des usages du bateau. Globalement, si la présence d’une pompe dans le kit est une bonne nouvelle, les kits avec pagaie et gilet sont à double tranchant : ils sont « prêts à l’emploi» certes, mais ces équipements sont trop souvent de mauvaise qualité, voire non adaptés à votre gabarit.
Il faudra de toute façon en acquérir d’autres si vous voulez vous faire plaisir sur l’eau. Si la présence d’un aileron sur un bateau de balade peut traduire de piètres qualités de navigationà compenser, ce n’est pas forcément le cas sur les bateaux de randonnée en mer, pour lesquelsil faut un élément pour contrer le vent. Le gouvernail, lui, est souvent l’indicateur d’une meilleure maniabilité sur une forme conçue initialement pour aller vite et droit.