A la sortie de l’hiver, la compétition reprend doucement ses droits dans chaque discipline. C’est le moment pour aller prendre des nouvelles des athlètes qui chaque été collectionnent les médailles. Justement en juin dernier, on avait quitté Marjolaine Hecquet le sourire en berne après le sprint des championnats du monde de descente à Valtellina (Italie). La céiste de Port Sainte Foy, double championne du monde de sprint (2012 & 2013), championne du monde de classique quelques jours plus tôt, venait de voir lui échapper un troisième titre en sprint. La faute à une organisation italienne plus qu’approximative et à un jury de course peu regardant sur l’éthique de la discipline.
En juillet, en scrutant les résultats des championnats de France de course en ligne à Gravelines, son nom s’est glissé en huitième position de la finale du kayak dame senior 500m… Un nouveau défi était né. Marjolaine Hecquet, multiple championne du monde de C1 de descente a décidé de tenter l’aventure en course en ligne, elle a donc fait son retour à la compétition début mars lors des pré-piges, décrochant son billet pour les sélections équipe de France qui auront lieu fin avril. Canoë Kayak Magazine a voulu en savoir plus (à lire également dans le prochain magazine CKM n°239).
Marjolaine Hecquet, 2015 est l’année de nouveaux objectifs ?
Marjolaine Hecquet : « Oui, j’ai décidé de faire de la course en ligne. Je découvre une nouvelle discipline et j’aimerai me sélectionner en équipe de France. On pense forcément aux Jeux olympiques lorsqu’on parle de course en ligne, ils sont dans un coin de ma tête mais pas en 2016, pour l’instant cela reste un rêve. Dans un premier temps je veux me faire plaisir et découvrir des choses.
Pourquoi as-tu fait ce choix de quitter la descente pour la course en ligne ?
M.H : « Aux championnats de France à Gravelines, j’ai bien réfléchi. Je m’y suis fait plaisir, c’était une expérience sympa. J’ai donc décidé de faire de la course en ligne. Mais attention, je n’oublie pas la descente, je m’y faisait encore plaisir et je n’ai pas fait une croix dessus. J’ai envie d’un nouveau challenge, de retrouver un esprit de compétition. En 2014 j’ai été déçue mais sans ressentir de ras le bol, loin de là. En tentant cette aventure je me permets de nouveaux rêves sportifs.
On a l’habitude de voir les kayaks hommes passer en course en ligne, as-tu échangé avec eux à ce sujet ?
M.H : « J’ai pris ma décision toute seule, l’été dernier pendant que j’étais en stage pour mes études en Nouvelle-Zélande. L’exemple pour les descendeurs c’est forcément Arnaud Hybois que je côtoie à Toulouse, mais il y avait aussi Olivier Boukpeti. Je ne me suis pas trop renseigné avant de faire mon choix, mais je sais que ça va être compliqué. Tout change, mais j’aime aller chercher cette nouvelle confrontation et rencontrer d’autres athlètes.
Comment as-tu travaillé cet hiver par rapport aux saisons précédentes ?
M.H : « En réalité je n’ai pas beaucoup changé ma façon de faire. J’ai changé de bateau forcément ! On travaille toujours avec mon entraîneur Frédéric Rebeyrol, et les filles du pôle (Manon Hostens et Alice Schmitt) ont fait aussi de la course en ligne cet hiver, donc on s’est entraîné ensemble. Actuellement je ressens vraiment le changement, car les autres partent en stage pour faire de l’eau-vive.
Sur le contenu j’ai surtout fait davantage de musculation et de PPG. J’ai aussi décidé d’aménager mes études en dédoublant ma troisième année d’étude en école d’agronomie. Cela me permet d’avoir de meilleures conditions de récupération surtout.
Quelles difficultés as-tu rencontré en choisissant la course en ligne ?
M.H : « Mon point faible c’est le travail des départs, c’est nouveau pour moi et cela m’intrigue même. Avant je m’entraînais sans repères chronométriques fiables par rapport au niveau de ma catégorie, maintenant j’en ai, il faut se les approprier. Je dois encore progresser physiquement et en stabilité dans mon bateau, même si les mauvaises conditions ne me dérangent pas.
As-tu échangé avec les filles de la course en ligne depuis tes débuts ?
M.H : « Après les pré-piges, je suis partie une semaine m’entraîner avec le pôle de Cesson-Sévigné, c’était nouveau pour moi. J’ai passé une semaine sur place, c’est une très belle expérience, j’ai pu côtoyer les filles et naviguer avec elles. On était jusqu’à sept sur l’eau en même temps c’est vraiment sympa et motivant. J’ai pu travailler avec Claudine Leroux, j’ai découvert une autre approche c’est assez stimulant. Maintenant il va falloir m’intégrer.
Tu as fait les pré-piges à Vaires sur Marne. Tu termines première si on enlève les filles de l’équipe senior, quel bilan tires-tu de cette première course ?
M.H : « Cela m’a permis de faire un premier petit bilan de ma préparation, je suis contente d’avoir fait ces tests. Sur 200m j’ai constaté qu’il fallait vraiment que je prenne de l’expérience sur les départs avec un sabot, mais sinon c’est correct. Le 2000m est un effort un peu long pour moi. Je crois qu’il y a une bonne marche avant d’aller chercher les seniors mais j’espère me faire une place en moins de 23 ans. Aux sélections je sais qu’il y aura des écarts mais je vais rester fidèle à moi-même et faire de mon mieux en me faisant plaisir. »
Photos : Bruno Dazeur